






8 mars, 8 femmes de chantier
A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, VINCI Autoroutes met en lumière des ingénieures, préventrices ou encore conductrices, qui travaillent ou ont travaillé sur le chantier d’aménagement de l’A10 entre Veigné et Sainte-Maure-de-Touraine. Formation, métier, missions et parfois même passion, découvrez les parcours de huit femmes de chantier.
Sandra Lafay, cheffe de projet, VINCI Autoroutes (maîtrise d’ouvrage)
Quelles sont vos missions ?
Je suis responsable de l’ensemble des activités qui composent l’opération d’élargissement (hors viaducs) : terrassements, ouvrages d’art, assainissement, chaussée et équipements. La mission du maître d’ouvrage* est de suivre le fameux triptyque « qualité, planning, coût ». Je dois savoir orchestrer une multitude de parties prenantes. En résumé, le maître d’ouvrage, en lien avec la maîtrise d’œuvre, donne un cadre et c’est à l’entreprise de s’organiser.
Le chantier à proprement parler, c’est fascinant. Je trouve que le regard sur ces métiers a beaucoup évolué. Quand j’ai commencé à travailler, il y avait très peu de femmes. Aujourd’hui, il y a de plus en plus de femmes à différents postes, niveaux d’études, échelons ou missions. Ça me paraît évident, moi qui travaille dans ce milieu, mais je ne suis pas sûre que tout le monde le sache !
* La maîtrise d'ouvrage est la personne, physique ou morale, pour qui est réalisé le projet. La maîtrise d'œuvre est choisie par le maître d'ouvrage pour la conduite opérationnelle des travaux.
Emeline Pecquet, ingénieure, Ingérop (maîtrise d’œuvre)
Quel est le rôle de la maitrise d’œuvre sur ce chantier ?
En tant qu’ingénieure responsable de marché de travaux, je m’assure que les travaux sont faits dans le respect de la qualité, des délais et des coûts fixés par le maître d’ouvrage. Initialement, j’ai commencé par les phases d’études puis on m’a proposé de suivre également la phase travaux. Aujourd’hui, j’ai la chance de faire les deux. Je pars de rien et je vais jusqu’au bout du projet.
Sur les travaux, tu vois tout de suite ce que tu fais : tu es dans la pratique donc le résultat est immédiat. Le matin, quand tu imagines ta journée, tu te rends vite compte que ça ne va pas du tout se passer comme tu l’avais prévu ! C’est un aspect du métier qui me va bien. Sur le chantier, si tu as un problème, il faut trouver la solution rapidement.
Léa Varoqui, régleuse de finisseur, Colas Grands Travaux France
La seconde phase de travaux d’enrobés vient de démarrer. Comment êtes-vous mobilisée ?
Je conduis ou règle une énorme machine qui s’appelle un finisseur et qui sert à appliquer les nouveaux enrobés sur l’autoroute. Ça demande de l’anticipation, de la minutie et une grande constance pour régler l’épaisseur de la couche de roulement. Sur ce chantier, je suis intervenue en octobre 2022 sur la première phase des travaux d’enrobés et je reviens maintenant pour la seconde, au sud du chantier. C’est un métier à part : c’est une satisfaction car on intervient quasiment en dernier sur la chaussée. Le résultat est beau à voir.
Initialement, j’ai fait des études d’art et design ! Ce sont deux milieux totalement opposés aussi bien au niveau des mentalités que de la manière de travailler. En discutant avec des amis, je me suis intéressée aux travaux publics et une fois le pied dedans, je suis montée en grade. J’ai passé plusieurs CACES (certificat d'aptitude à la conduite d'engins en sécurité) ainsi que les permis poids lourds et super poids lourds qui me permettent de conduire des niveleuses, des porte-chars, des finisseurs, etc. C’est une découverte sur le tard et qui est devenue une passion.
Ikram Mouchrik, conductrice de travaux, Bouygues TPRF
Comment êtes-vous arrivée sur ce projet ?
Au départ, je suis arrivée sur le chantier en tant qu’étudiante en école d’ingénieurs génie civil et environnement. Je n’avais pas d’a priori, je me suis juste lancée. Après mon stage, j’ai été recrutée comme conductrice de travaux. C’est un peu comme être la cheffe d’orchestre du chantier. Il faut suivre la réalisation du projet de A à Z : préparation et suivi des travaux, anticipation des tâches, réalisation des plannings, suivi des équipes, etc. Pour résumer, tous les aspects techniques, relation client, budgétaires et management.
J’ai principalement travaillé sur les ouvrages d’art : l’aménagement de trois passages inférieurs, la pose de poutres de nuit sur des passages supérieurs et l’assainissement du viaduc de l’Indre. J’ai ensuite piloté l’installation des écrans acoustiques. Je trouve génial de voir l’aboutissement de ce que l’on fait tous les jours. J’ai adoré l’ambiance, j’ai adoré l’équipe, j’ai adoré travailler sur de multiples ouvrages en même temps. J’ai touché à tout en seulement deux ans.
Amélie Desbois, chargée QSE, EBGC
Quel est votre rôle en tant que chargée qualité, sécurité et environnement ?
Tout mon travail consiste à fédérer les équipes de chantier autour d’un projet commun : respecter les règles de sécurité et d’environnement. Grâce à des règles communes (signalétique, rangement, anticipation, etc.), on organise le chantier de manière plus intuitive pour que les équipes prennent peu à peu des automatismes.
Dans mon parcours, j’ai participé à l’élaboration et la conception de grands projets d’infrastructure, notamment plusieurs viaducs en Centre Val de Loire. Ma formation d’ingénieure apporte de la technicité et une grande polyvalence à mes analyses. Pour l’A10, j’ai travaillé sur la construction du nouveau viaduc de l’Indre et à présent, sur la modernisation des viaducs du Courtineau existants. Chaque semaine, pendant mes visites terrain, je m’assure que les mesures mises en place soient comprises et appliquées. Je relève aussi les bonnes pratiques, par exemple pour l’utilisation d’un nouvel outil et, s’il y a, je remonte les difficultés pour nous réajuster en permanence. C’est ce qui rend le métier très riche.
Au quotidien, je fonctionne davantage dans le préventif que dans le correctif. On ne fait rien sans le contact avec les équipes. Ça rend les échanges avec les compagnons fédérateurs.
Julie Falk, conductrice d’engins de chantiers
Lorsque l’on parle chantier, on imagine engins. Que conduisez-vous ?
Je conduis des engins de chantiers de type pelles, compacteurs V5 ou tombereaux. J’ai travaillé pendant deux ans sur ce chantier où j’ai fait principalement des terrassements et du transport de matériaux. Auparavant, j’étais dans un tout autre domaine : je travaillais dans le commerce où j’exerçais le poste de responsable d’une boutique de cosmétique. J’ai toujours eu un intérêt pour le travail en extérieur et les machines donc j’ai démissionné et passé des CACES pour pourvoir ensuite entrer dans les travaux publics.
Ce que j’aime dans ce métier, c’est voir l’évolution du chantier au fur et à mesure des travaux et le travail en équipe. A chaque nouveau chantier on rencontre 20, 30 ou 40 personnes. Pas une journée ne se ressemble. Sur l’A10 particulièrement, c’était un super chantier, une super ambiance, un super encadrement !
Zoé Gaultier, préventrice environnement, IRPL
Comment préserver l’environnement sur un chantier ?
La meilleure manière de gérer un chantier d’un point de vue environnemental, c’est d’anticiper. Ma mission est de vérifier que la règlementation environnementale soit respectée. C’est très important d’échanger avec les compagnons, chefs de chantier ou conducteurs de travaux. Je travaille sur des chantiers depuis 12 ans et au fil des années, je les vois davantage sensibilisés à ce sujet.
J’aime la diversité du BTP et le fait d’avoir sans cesse de nouvelles opérations. Chaque semaine, je vais sur des chantiers très différents. J’aime beaucoup ce changement et ce rythme. Ce chantier a la particularité d’être extrêmement varié, par sa taille, le nombre d’entreprises qui interviennent et par les techniques utilisées : terrassements, ponts, enrobés, etc. C’est intellectuellement intéressant d’avoir autant de diversité sur un même projet.
Anaïs Bion, assistante de direction, groupement d’entreprises Colas Projects
Quel regard portez-vous sur le secteur du BTP ?
J’ai eu la chance d’arriver en 2019, en tout début de chantier. On était très peu nombreux ce qui créaient une ambiance familiale. Au début, je faisais du secrétariat et, petit à petit, mes missions ont évolué. Aujourd’hui, je m’occupe de la gestion électronique des documents, du suivi administratif des prestataires et des sous-traitants (contrats, avenants, actes spéciaux…), de l’insertion professionnelle (informations, recrutement, suivi des heures, relation avec les agences d’intérim, etc.) et de diverses tâches administratives. Mon poste est très enrichissant. Humainement, je côtoie des personnes de plusieurs univers sociaux et professionnels et j’adore ça.
Honnêtement, je suis arrivée dans le BTP un peu par hasard. Je sortais de milieux très marqués « féminin » ou « masculin » : le prêt-à-porter, la bijouterie et ensuite l’automobile. Je souhaitais plus de mixité et paradoxalement, je l’ai trouvée dans le BTP !
Les travaux publics : un métier d’hommes ?
Sandra : C’est important de dire que ce secteur n’est pas réservé aux hommes. J’imagine quand dans 10 ans ou 20 ans, il n’y aura même plus à se poser la question, ce sera juste normal.
Amélie : Il ne m’est pas venu à l’idée que je ne serais pas la bienvenue dans le milieu du BTP. Si remarques il y a eu, je n’y ai pas accordé de crédit car j’ai estimé qu’elles n’étaient pas assez pertinentes pour mettre un frein à mes objectifs.
Anaïs : Au début je me suis dit « Oula ! j’arrive dans un milieu très masculin. Est-ce que je vais arriver à faire ma place ? » J’ai découvert un monde qui n’avait rien avoir avec l’univers un peu bourru que j’imaginais. C’était une super intégration.
Emeline : C’est peut-être une question de génération et d’éducation. Quoi qu’il en soit, il ne faut pas se laisser marcher sur les pieds, ici comme partout ailleurs.
Zoé : Je ne conçois pas de faire mon métier sans dialoguer avec les compagnons. Dans ce secteur qui est très masculin, je crois qu’être une femme est un avantage pour un certain nombre de choses. Globalement, l’échange se fait plus facilement.
Léa : On m’a d’abord dit que ça n’était pas un métier pour moi, que je n’en étais pas capable. Aujourd’hui, ça fait 9 ans que je travaille sur des chantiers. Je ne me lève pas le matin en me disant « je vais entamer ma journée de femme ». Ce sont les gens qui me rappellent que ce n'est pas commun d'être une femme à ce poste-là aux grands travaux en France, mais personnellement je le vis très bien !
Julie : Dernièrement, je vois beaucoup d’associations se monter sur la place des femmes dans le BTP. On a peut-être plus de stress que n’importe quel homme qui commence mais si on travaille bien, que l’on est investie et que l’on aime ça, il n’y a pas de soucis. J’ai aussi le caractère qui fait que ça se passe bien. Pour ma part, je pense avoir trouvé ma place.
Ikram : De mon expérience, surtout dans les travaux publics, on a tendance à vouloir donner plus et vouloir exceller dans ce que l’on fait car on veut montrer que les femmes sont capables d’exercer ce métier. Parfois c’est trop, parfois c’est fatiguant, parfois c’est frustrant mais tellement enrichissant. Je conseille à toutes les femmes encore hésitantes à travailler dans ce secteur, de ne pas se mettre de frein et de se lancer.
Pour conclure, un mot pour définir votre métier ?
Ikram : riche
Zoé et Emeline : diversifié
Anaïs : relationnel
Léa : minutieux… voire un peu maniaque !
Julie : passionnant
Amélie : plusieurs... collaboration et esprit d’équipe
Sandra : une aventure humaine
Et aussi :
> Un chantier qui soutient l'emploi
> Objectif atteint : plus de 100 000 heures d’insertion professionnelle réalisées