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A10 : aménagement à 2x3 voies entre Veigné et Sainte-Maure-de-Touraine
Jean-Bruce Boisson, ETPO Compagnons coulant un voussoir Viaduc du Courtineau en construction avec autoroute A10 en circulation Viaduc du Courtineau en construction avec autoroute A10 en circulation vue du ciel : le tablier du viaduc du Courtineau
Viaducs
15 septembre 2021

[INTERVIEW] 3 questions à… Jean-Bruce Boisson, groupement d’entreprises sur le chantier du viaduc du Courtineau

Jean-Bruce Boisson est directeur d’exploitation pour le groupement d’entreprises ETPO – NGE GC. Il réalise, pour VINCI Autoroutes, les travaux du viaduc du Courtineau à Saint-Epain. A l’occasion du dernier voussoir coulé en place, il nous livre un entretien au cœur des travaux, à 30 mètres de hauteur, sur le tablier du futur viaduc.

Vous travaillez sur la construction du futur viaduc du Courtineau depuis ses débuts en novembre 2019. En quoi ce chantier est-il singulier ?

Ce chantier est singulier pour plusieurs raisons. Tout d’abord par rapport à sa localisation : nous nous trouvons sur une vallée encaissée avec un environnement riche et de nombreux riverains. Pour répondre à ces enjeux, nous avons mis en place des mesures de préservation de l’environnement et pris en compte les sollicitations des riverains de la vallée de Courtineau. Le deuxième aspect important est la construction de cet ouvrage exceptionnel : nous réalisons le tablier en béton précontraint mis en œuvre par encorbellement successif. C’est une technique qui n’est pas fréquente en France et donc, qui fait appel à des savoir-faire particuliers. Le principe de la précontrainte est assez simple, nous comprimons le béton avec des câbles pour le faire travailler au maximum de ses capacités. C’est ce qui permet d’obtenir des portées entre les piles plus importantes et de réaliser un tablier le plus fin possible. Cette méthode répond à une volonté d’impacter la vallée un minimum. Ainsi, seulement deux piles ont été construites. De plus, esthétiquement, le nouvel ouvrage est harmonisé avec les viaducs existants pour une meilleure cohérence architecturale. Pour des ouvragistes comme nous pouvons l’être dans le groupement, ça reste un ouvrage de référence très marquant.

150 tonnes de précontrainte sur le viaduc du Courtineau
150 tonnes de précontrainte sur le viaduc du Courtineau
Câbles de précontrainte


Le nouveau viaduc du Courtineau accueillera en 2023 les trois voies de circulation dans le sens Poitiers>Tours. Où en sont les travaux ?

Aujourd’hui, nous sommes sur une opération emblématique qui va marquer le chantier puisque nous réalisons le dernier voussoir. Une dizaine de compagnons coulent, à 30 mètres de hauteur, le béton de ce que l’on appelle un « voussoir de clavage ». Dès aujourd’hui, les 210 mètres du tablier sont totalement réalisés. A présent, les gros travaux de génie civil sont derrière nous. Nous allons entamer une nouvelle phase avec d’autres travaux de précontrainte, la réalisation des longrines, des équipements, de l’étanchéité et des corniches caniveaux. Des écrans acoustiques vont également être installés sur le viaduc pour préserver les habitants de la vallée de Courtineau. 

Repères :

  • De décembre 2020 à juillet 2021 : les compagnons coulent en place 52 voussoirs courants, de part et d’autre des piles. La succession de ces voussoirs constitue deux fléaux.
  • Août 2021 : le voussoir sur culée (appui situé à l’extrémité sud de l’ouvrage) est coulé.
  • Septembre 2021 : le voussoir de clavage est coulé, reliant les fléaux à la culée sud de l’ouvrage. Le tablier du viaduc du Courtineau est réalisé. 

> Tout savoir sur les étapes de construction du viaduc du Courtineau
 

Maintenant que les travaux de génie civil (les deux culées, les deux piles et le tablier) sont achevés, quel regard portez-vous sur ce chantier ?

Ce chantier est une belle réussite à la fois technique et humaine. Les compagnons qui y travaillent ont des expertises très fortes. Au total, 45 à 50 personnes travaillent ou ont travaillé sur le chantier, notamment des armaturiers, des coffreurs, des grutiers ou encore des terrassiers. Nous avons également eu la spécificité, en début de travaux, d’avoir eu recours à des équipes de battage* pour mettre en place des tubes métalliques à l’aide de vibrofonceurs et de marteaux hydrauliques. Pour réaliser la précontrainte, nous faisons appel à des compagnons spécialisés. Enfin, des métiers très techniques sont à la manœuvre pour poser les corniches, les joints et réaliser l’étanchéité du viaduc. Ce chantier est une belle réalisation qui marque l’ensemble des intervenants. Il y a de bons échanges avec le maître d’ouvrage VINCI Autoroutes et le maître d’œuvre Ingérop. De même, le dialogue avec les riverains de la vallée est de qualité. Nous en tirons beaucoup de positif.
* les opérations de battage consistent à enfoncer un élément comme un pieu dans le sol en utilisant un marteau ou un vibrofonceur.

Le chantier du viaduc du Courtineau s’inscrit dans le cadre de l’aménagement de l’autoroute A10 à 2x3 voies entre Veigné et Sainte-Maure-de-Touraine. Actuellement, le franchissement de la vallée de Courtineau s’effectue par un viaduc indépendant pour chacun des sens de circulation. Les viaducs existants ne pouvant pas être élargis, un nouveau viaduc est construit pour accueillir les voies du sens Poitiers>Tours. Les viaducs existants seront affectés à l’autre sens de circulation.

> A lire : Viaduc du Courtineau : le tablier se profile et L’élévation des piles a commencé
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Crédit photos : VINCI Autoroutes ; Guillaume Souvant